image d'emprunt pour illustrer la sagesse ancestrale qui est une lumière directionnelle, un guide de vie

INTRODUCTION

le proverbe dit : "on n’a pas besoin d’apprendre à l’arbre quel fruit donner. Eduquer ce n’est donc pas forcer, c’est respecter et aussi avoir confiance".

Ainsi pour que notre enfant devienne lui-même nous mettrons à sa disposition ce que nous avons de meilleur : nos connaissances, nos qualités, notre amour.

Mais sans jamais nous impatienter, car même si on tire sur le palmier, on ne le fera pas grandir plus vite !...Le métier de jardinier s’apprend ; le métier de parents aussi[1]. »



[1] Cf : « Nous éduquons chaque enfant d’une façon personnelle » par Simone Sarrazin et Armel Duteil, Editions Redaja

Echanges et partages d'expériences dans nos relations avec l'Enfant

Nous voulons dans cette espace recueillir des constats, échanger sur des faits, partager du vécu, pour mieux apprendre à améliorer nos relations de vie avec les enfants. A cet effet plusieurs aspects et thêmes divers y seront abordés.

Rappel explicatif des fonctions de base de la famille, et du rôle d’encadrement des parents.

 Dans l'oeuvre de protection de l'Enfant, il faut se donner la vocation de Servir la Famille.

Nul n’ignore en en effet que la famille est la première cellule sociale d’accueil de l’enfant ; son premier cadre de contact et d’apprentissage de la vie.

Elle constitue la communauté en miniature dans laquelle l’enfant va acquérir sa personnalité, les forces et les faiblesses avec lesquelles il abordera le dur combat de la vie.

Voilà pourquoi parlant de protection de l’enfant on ne peut ne pas s’intéresser d’abord à la famille.

Au Sénégal, le Code de la famille, texte Sénégalais de référence en la matière, rappelle en son article 100 : « le lien matrimonial crée la famille. »

Ainsi comprenant donc cette importance de la famille, l’on admettra aisément que tout effort consenti dans la protection de la cellule familiale est une pierre apportée à l’édifice de sauvegarde de l’enfant.

Et dés lors les règles protégeant l’institution familiale, constituent les premières règles de protection de l’enfance; et toutes les règles, juridique ou autre qui fondent, renforcent et pérennisent la famille, constituent des règles de protection de l’enfant.

Ceci est d’autant plus vrai, que l’essentiel des droits aujourd’hui reconnus à l’enfant, soit par la loi ou même par la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, ne saurait recevoir bonne application, si la famille dans son statut social, n’était rehaussée au rang devant être le sien et protégée en tant que tel.

Il est important dès lors de rappeler, les 7 fonctions de la famille dans l’éducation de l’enfant :

*il y une première fonction dite essentielle, qui est d’apporter la réponse à tous les besoins primaires de l’enfant, à savoir ses besoins de base : alimentation équilibrée, eau potable, toit, accès aux infrastructures de soins de santé primaires, et d’éducation…;

*il y a une deuxième fonction dite affective et relationnelle, fondée sur la relation de confiance: relation du nouveau-né avec la mère. Et sur le rôle des parents auprès de l’enfant, s’exprimant dans le sentiment de sécurité de confiance et d’amour procuré ; cette relation se poursuivant pendant l’enfance et l’adolescence,

*il y a une fonction éducative et pédagogique, venant du rôle de réalisation des premiers apprentissages, et de l’éveil à la vie ; de l’initiation au Jeu et loisir: essentiel au développement intellectuel, physique et social de l’enfant.

*il y a une fonction de structuration, d’orientation positive: pour aider l’enfant à devenir un adulte et un citoyen responsable. Les parents, exprimant des figures d’autorité, à côté de l’école et des institutions religieuses, pour donner les repères, le cadre d’évolution, les interdits qui facilitent la vie sociale ;

*il y a une fonction temporalisante qui instruit sur la notion du temps, de l’évolution dans la durée pour un bon développement ;

*il y a une fonction de solidarité qui apprend la notion d’interdépendances entre les membres d’une même famille ;

*il y a une fonction de socialisation qui instruit sur l’adaptation à la vie, à la vie sociale, par l’intégration des règles, des valeurs et des normes. Ce qui encourage les enfants à se sentir en sécurité et à développer leur potentiel.

A la suite de ce rappel des fonctions de la famille, voici maintenant à titre de bref exemple et en illustration, quelques axes de soutien à la parentalité, et pour aider à l'orientation de l'action des parents dans leur rôle:

Modalités de mise en œuvre de la parentalité

Types d’appui et de soutien attendue en appui à la parentalité

1/Dans le cas de la détermination du contenu des éléments nécessaires  de l'Exercice de  la parentalité :

Il s’agit de faire ressortir à ce niveau l’ensemble des droits et devoirs des parents, mais aussi de clarifier la représentation que les parents se font de leur rôle.

L’intervention en appui va consister alors en un travail sur l’autorité parentale :

  • que signifie l’autorité parentale pour les parents concernés, en ont-ils une claire conscience ;
  • qui a cette autorité parentale dans la famille ? Y a-t-il un parent qui en est soustrait et pourquoi ?

il faudra travailler à associer les parents au développement de l’enfant.

2/Dans le cas  maintenant de la détermination de ce qui constitue le vécu de l'Expérience de la parentalité :

L'interrogation à ce niveau: réside dans le fait  de déterminer ce sur quoi se fonder pour se sentir ou non parent de l’enfant

A ce niveau il y a un travail nécessaire à faire dans le processus de la parentification (la construction de la capacité d’être parent).

  • Il faudra déterminer comment se sont-ils sentis devenir parent ?
  • Quel type de relation ont-ils établi avec l’enfant, quels sont les figures d’attachement  que développe l’enfant vis à vis de ses parents ? (représentation que l’enfant se fait du père, de la mère.)

Il faut une évaluation de la qualité du lien d’attachement.

Il faut donner des suggestions sur les moyens de renforcer ce lien.

Il faut accompagner les enfants et les parents sur les changements touchant à ce lien.

3/Enfin pour s'éclairer dans la pratique de la parentalité :

Cela concernera sur ce plan, la détermination de tous les actes de la vie quotidienne que les parents ont à assumer auprès de l’enfant, tous les soins nécessaires à son développement.

 

Sont alors concernés les tâches parentales : alimentation, soins, hygiène, socialisation, accompagnement dans la solidarité.

Pour un soutien sur ce plan, il faut déterminer des actions à mener en fonction de ce qui est repéré comme manque, en vue de soutenir les parents, ou procéder à une suppléance dans leur rôle, par exemple par une famille d’accueil ou d’autres instances (famille élargie, associations de proximité.).

En exploitant les questions résultant de ce tableau, on se rend compte que tout l’effort de base dans cet exercice d'accompagnement des parents, devrait être à partir des réponses obtenues, de permettre de renforcer le fonctionnement des familles. Et ainsi chaque réponse apportée aux questions posées permet d'évaluer la valeur de l'apport et de l'effort à dispensé au profit  de l'enfant, pour l'amélioration de sa prise en charge parentale.

Mais il est à noter aussi que malgré tout le soutien procuré par la famille, il peut arriver aussi malheureusement pour diverses causes, que la situation de l’enfant puisse encore se fragiliser au point d’entrainer une vulnérabilité dans son état de vie.

De telles situations créent alors la nécessité d’une protection spéciale des droits de l’enfant menacés  par cette situation de vulnérabilité.

Maitre François Diassi

Le soutien à la parentalité un nouveau défi de la vie moderne, avec ses spécificités en Afrique

 

Aujourd'hui la parentalité est défini comme la condition de parent, de père et de de mère. Mieux encore, comme l'ensemble des réaménagements psychiques et affectifs qui permettent à des adultes de devenir parent, c'est à dire de répondre aux besoins de leurs enfants à tous les niveaux: le corps (besoins nourriciers), la vie affective et psychique..

Au delà de cette définition, le constat aujourd'hui, est que la condition de parent a évolué, et les problèmes nés de la relation avec l'enfant se complexifie. Rien ne peut plus fonctionner comme avant, mais alors que faire? C'est à cette réflexion du comment faire que nous sommes tous invités,plus particuliérement aujourd'hui en Afrique.

En effet la parentalité représente une question majeure,ce serait l'une des principales problématiques auxquelles sont confrontées les sociétés actuelles; le rôle le plus important auquel doit faire face de nombreuses personnes, sans le moindre soutien, ni la moindre préparation.

En effet la parentalité s'inscrit principalemeent dans une logique d'interventions, visant à soutenir les familles et à protéger les intérêts des enfants. La parentalité est ainsi appréhendée, comme une fonction susceptible de présenter un certain nombre de défaillances, nécessitant alors un soutien ou une restauration.

En Afrique aujourd'hui face au choc entre la Tradition et la Modernité, cette question demeure importante et urgente, au vu des bouleversements constatées dans la gestion et la vie de la structure familiale, qui subit l'effet de la situation socio économique, de l'urbanisation croissante de ces dernières années, et bien d'autres facteurs de la conjoncture; tout cela entrainant une fagilisation majeure dans son fonctionnement.

Ainsi ayant rompu avec son format identitaire traditionnel, la famille africaine peine à se mouler, dans la voie dite moderne,subissant les contre coups d'une évolution forcée, vers un nouveau modèle d'évolution, sans bénéficier des appuis et moyens permettant de lui procurer une adaptation à son nouveau environnement.

Il s'ensuit deux questions majeures à solutionner en urgence à savoir: quelle modèle d'organisation sociale nouvelle garantissant l'adaptation de la dite famille à ses nouvelles exigences; et aussi quels appuis seront nécessaires à promouvoir pour lui assurer une évolution lui procurant le bénéfice  d'une prise en charge adaptée et complète des besoins de ses membres, et surtout des enfants.

Tout ceci entraine une profonde réflexion sur la question de la nouvelle parentalité à mettre en oeuvre, ou plus simplement celle de savoir quelle politique familiale serait apte et utile à asseoir, pour construire le développement en Afrique. La réponse à toutes ces questions sonne comme des défis à relever.

 

 

Nouvelle parentalite et réforme du Statut Personnel de l'Enfant..

Article en construction

Notons d'abord quelques constats de départ dans l’implémentation de la CIDE sur le contexte africain:

Depuis le 20 novembre 1989, la CIDE est ratifiée par les états africains en grande majorité, mais sa mise en application n’est encore pas totale et complète. Or au-delà même du caractère obligatoire que revêt cette  l’application de la CIDE, résultant de la ratification, la dite application doit en plus être une préoccupation majeure en raison de la  caractéristique de la population africaine marquée par sa jeunesse, donc majoritairement composée de  bénéficiaires de ces droits consacrés.

Aujourd’hui ensuite dans les états africains, la voie habituellement suivie pour implémenter la CIDE depuis ses ratifications, est essentiellement fondée actuellement sur une approche juridique. Mais dans cette démarche s’élèvent plusieurs contraintes notamment :

  1. La faiblesse d'abord de l’harmonisation des cadres légaux à la suite des ratifications. Or l’harmonisation et la domestication des principes de la CIDE est primordiale dans l’implémentation et pour l’application correcte des droits consacrés. Il serait souhaitable de traduire cette harmonisation dans la production d’un code unique centralisant l’ensemble des textes de protection de l’enfant, ceci devant permettre de mieux faire comprendre le caractère spécial des droits de l’enfant, jusqu’ici perçu comme une dérogation du droit commun ce qu’il n’est pas. Il y a à noter toutefois que des efforts de législation existe  dans certains pays ;il y a aussi des chantiers en cours dans d’autres.
  2. A la suite de cette harmonisation susvisée, la mise en place des structures d’accompagnement du dispositif d’intervention est aussi en attente. Car la loi doit forcément être renforcée dans son application par des structures d’appui aptes à réaliser son effectivité. Cela qu’il s’agisse de structures administratives ou judiciaires, ou sociales.
  3. A tout cela également s’ajoute la formation des acteurs  pour l’intégration des procédures dans leur pratique ; certes elle est en cours, mais aussi les acteurs sont actuellement freinés dans leurs capacités et résultats  par l’absence d’harmonisation totale du cadre légal, au point qu’ils usent de voies palliatives pour faire bénéficier à l’enfant de certains droits consacrés. Et cette formation encore très orientée sur la sphère judiciaire doit aussi s’étendre vers les décideurs politiques[1] et administratifs, dont la non compréhension des principes de base de la CIDE, est aussi source de freins à l’action des acteurs de terrain et de proximité.
  4. Et au final sur ce processus, l’application des droits de l’enfant n’est pas installée et sous tendue par une vision nationale, une véritable politique nationale conçue avec identification d’objectifs globaux et spécifiques à atteindre, contrainte qui se traduit par une diversité d’intervention généralement non coordonnée, du fait de l’absence d’une structure en charge de ce rôle ; et l’absence aussi d’évaluation périodique des acquis ce qui limitent la visibilité des progrès et ne facilite pas la bonne planification des nouvelles perspectives.

Les deux grosses limites constituant des défis urgents de travail  sont  donc la finalisation de l’harmonisation du cadre légal, appuyée par l’instauration d’une vision politique nationale de mise en œuvre et application effective des droits de l’enfant.

Et la mise en place des structures d’accompagnement comme aussi la formation, s’intègre dans ce processus politique comme objectifs à réaliser.

Et ce défi de l’harmonisation est du ressort propre aux états, pour devoir être  un point majeur  d’un plan d’action les concernant.

Mais ce travail fait sur l’approche juridique bien qu’important et normale, doit en plus en complément, être adjoint et développé avec une approche culturelle [2] ce pour appuyer à une meilleure implémentation de la CIDE. Et cette tâche est aussi du rôle de l’Etat et de la société civile.

Car aujourd’hui le constat indéniable est que  la CIDE n’est pas un outil connu et compris par les populations africaines, appelé toutefois à vivre ses principes au quotidien.

Et  la CIDE n’est pas aussi créée pour devoir s’appliquer seulement dans les espaces techniques ou professionnels (à savoir les administrations, tribunaux, ou autres institutions…) mais elle doit également surtout l’être dans les familles, dans la communauté, car c'est que là résident les enfants bénéficiaires de son application.

Il y a donc nécessité de contextualiser l'application de la CIDE par une inculturation de ses principes auprès des populations ce pour gagner leur adhésion.

Cette inculturation aura ainsi l’effet de permettre l’application de la CIDE par engagement et non par contrainte, parce que les acteurs concernés auront une claire compréhension de son contenu et l’intègreront dans leur vécu et action quotidienne.

A cet effet il y a donc à travailler sérieusement sur  l’inculturation de la CIDE. Il ne s’agit pas en cela d’une critique ou une réécriture de ces  principes mais d’une recherche adaptation, pour faciliter leur compréhension à partir des fondements culturels d’action des populations. Il faut en effet travailler pour que se réalise la transition en cours des institutions traditionnelles garantes du patrimoine culturel vers  de nouvelles à venir qui  intégreront ces principes de la CIDE, dans leur vision.

C’est dans cette réflexion que l’on doit rechercher aussi les modes traditionnels  alternatifs de prise en charge, à proposer comme alternatives sur la question de privation de liberté.

Au vu de de tous ces efforts, c’est donc d’abord à un fort combat de sensibilisation à mener auquel nous sommes appelé, et dont il faut cependant revoir la méthodologie qui devra différente de celle mise en œuvre jusqu’ici.

Cependant pour sensibiliser il faut aussi un texte de base, mais sur ce plan la question n'est pas encore tranchée de savoir, s'il faut se suffire d'avoir d'anciennes lois de Statut Personnel à simplement modifier, ou plus spécifiquement s'il est nécessaire de créer un code spécial pour l'enfant.

Il se pose donc ainsi la question nécessaire et urgente de la révision du Statut personnel de l'enfant.

Et dans cette dynamique certains Etats de l'Afrique occidentale vont déjà vers l'adoption de Code de l'enfant.

En effet le constat est que depuis les années 2005 à ce jour dans la zone régionale ouest africaine, plusieurs réformes ont été amorcées en vue d’adopter dans les cadres légaux de différents pays de nouveaux Codes de l’Enfant,.

C’est une réforme intéressante, puisqu’elle tend à harmoniser et domestiquer la CIDE. Car le Statut Personnel autrefois applicable à l'Enfant, était consigné dans des codes ou lois diverses.

La question est alors de savoir s'il faut désormais  la constituer en la regroupant en un seul Code unique, centralisant toute la matière juridique relative aux droits axés sur la protection de l’Enfant.

Un intérêt découlant de cette réforme dans cette forme choisie et qui n’est pas des moindres, est  celui de contribuer de manière significative à asseoir alors les droits de l’enfant comme un droit spécial connu et ainsi admis par tous comme tel, en raison de sa spécificité.

Et mieux encore dans les exemples concrets de ce type de Codes ayant déjà vu le jour, l’initiative transcende même le droit du Statut Personnel et intègre d’autres pans de la matière juridique au titre de la protection spéciale due à l’enfant dans des notions de bio éthique pouvant le concerner (à savoir la manipulation génétique, la vente et le trafic d’organes), traite des êtres humains, travail des enfants .etc.. Accessoirement enfin il y est aussi ajouté la question même de la prise en charge pénale de l’enfant, concomitamment avec les dispositions du Code Pénal, et du Code de Procédure Pénale.

Au total, selon les différents pays l’exercice d’écriture n’a pas souvent été facile à défaut d’un standard préétabli, mais la tendance semble être le constat de voir la plupart des Etats s’engager sur ce chantier.

Toutefois bien que cette approche de domestication  et d’harmonisation de la CIDE reste importante et intéressante, son application réelle demeure limitée et se cantonne à la sphère judiciaire, car il reste nécessaire et utile, nous l'avons déjà rappelé ci-dessus,  d’approfondir cet effort d’implémentation par l’inclusion de l’approche culturelle, seul moyen de promouvoir une réelle adhésion des populations aux principes juridiques posés par la  CIDE. Cette dynamique couplée des 2 approches (juridique et culturelle) constitue l’angle de tir favorisant une bonne adaptation et application de la CIDE dans l'espace africain.

En plus de nouveaux droits familiaux résultent de l'adoption de ces Codes, mais leur application supposera d'une part leur connaissance  par les populations, et d'autre part l’intégration de leurs principes dans le processus de vie des parents et de la famille, et cette intégration de ces principes juridiques nouveaux ne pourra résulter que de l'adhésion des populations.  

Les parents sont en effet aujourd'hui places dans une situation d'exigence profonde de qualité dans l'accomplissement de leur rôle. En effet plusieurs principes fondamentaux sont poses par la CIDE (et repris en harmonisation légale) pour baliser et déterminer les nouveaux droits de l'enfant dans ses rapports avec les parents ou les autres membres de la société. A  ce titre on peut constater que rien ne peut plus se faire relativement à l’enfant, sans le respect:
- du principe de l'intérêt supérieur;
-
du principe de non-discrimination;
-
du principe du droit au développement harmonieux de l'enfant et de la lutte nécessaire de tous pour lui garantir le respect de sa vie.
-
du devoir de tous à assurer l'expression de l'opinion de l'enfant et sa participation en tout ce qui sera nécessaire pour lui permettre de déterminer sa volonté relativement a toute décision pouvant le concerner, cela  quel que soit l'autorité en cause.

Ainsi les familles et toutes personnes en charge de l'enfant, sont dès lors sont tenues d'évoluer dans ce nouveau cadre légal qui se révèle plus exigeant qu'auparavant et qui est ensuite marquée par l’obligation de rendre compte de leur mission.
Il se trouve donc institue par ce cadre nouveau légal, les nouvelles bases juridiques d'expression de la parentalité.
On peut alors affirmer être en face d'une réforme profonde du Statut Personnel de l'enfant marquée par l'approfondissement de l'exigence de sa protection, du contrôle rehaussé de cet exercice,  en plus de la nécessité réaffirmée du devoir de rendre compte de sa prise en charge.
C'est au plan juridique une nouvelle parentalité qui se dévoile ainsi en ce cadre légal nouveau.

 

A suivre....


[1]Car le constat sur les terrains d’intervention  nous a mène à relever, que les autorités décisionnelles dans les administrations ont souvent une connaissance sommaire de la CIDE et de ses principes, ce qui peut constituer un handicap lorsqu’ils sont dans le devoir de prendre des décisions sans maitriser l’impact sur l’application de la CIDE, où même que ces décisions soient inopportunes,  au point qu’elles puissent freiner l’action des acteurs subalternes intervenants à la base.

[2] La CIDE prend en compte dans ses préoccupations le respect des cultures des différents peuples du monde, il y a donc à puiser la synergie existante entre les pratiques traditionnelles positives et les droits de l’enfant.

Une école des parents n'est elle pas nécessaire?

Quid du réel besoin de relation d'aide aux parents dans la nouvelle urbanité qui se construit dans nos villes africaines? 

En effet depuis toujours en Afrique, par la tradition qui est la marque et l'expression de notre identité, la structure communautaire génère un individu parfaitement inséré dans sa vie sociale et communautaire selon un profil défini par l'éducation traditionnelle transmise, qui se charge  de le modéliser.

Cette éducation traditionnelle est ainsi transmise  de génération en génération dans nos sociétés depuis l'Afrique précoloniale jusqu'à aujourd'hui. Elle coexiste donc aujourd'hui avec l'éducation dite moderne introduite par la colonisation, sans être une éducation au rabais, archaique ou dépassée, et surtout elle ne s'oppose pas à l'éducation moderne.

Cette capacité d'adaption et d'intégration propre fait qu'elle s'enrichit des diversités et marque sa force par son esprit d'ouverture.

C'est ainsi que dans nos sociétés africaines, les différentes communautés qui la compose, bien que spécifiques ne sont pas en opposition, elles s’intègrent faisant de leur diversité un fondement de complémentarité de richesse à partager  pour vivre ensemble.

Ainsi le rôle social de la communauté est énorme particuliérement au plan traditionnel. Il est aussi essentiel de préserver cela.

L'enfant est donc membre d'une communauté, et au vu de la force d'emprise de la communauté sur l'individu, son action pour un appui à l'encadrement ou à la réhabilitation de l'enfant est fondamentale et essentielle.

Car la communauté par l'outil de la tradition a toujours eu la vocation de générer en son sein des individus parfaitement insérés dans la vie sociale et communautaire, modélisés en cela par l'éducation traditionnelle.

Elle cherche donc à faire de l'individu un membre intégré et accepté par le groupe, participant activement aux activités et à la vie du groupe s'y intégrant socialement et culturellement.

A cet effet tous les enfants étaient soumis  à un même type d'éducation, qui poursuivait un même idéal, les mêmes objectifs, à savoir faire de l'enfant l'homme de la famille, du clan, de l'ethnie. Cet homme était appelé à travailler, fonder une famille et lui assurer le bonheur, il devait obéissance à ses parents et aux ainés, se soumettait à la réglementation sociale du groupe, aidait les vieillards les faibles et les étrangers. Pour cela cet enfant doit connaître son milieu, sa société et s'y harmoniser car ayant le devoir de perpétuer les traditions de son clan et de son ethnie. Fondue dans cet image tout adulte servait d'exemple pour l'éducation des enfants.

Cette éducation était une formation de tout l'homme dans ses différentes composantes: physique, intellectuelle, sociale, économique, morale, culturelle, religieuse,philosophique, idéologique.

L'individu est ainsi moulé et intégré dans son environnement social  qui à son tour l'accepte parmi ses membres, il est modélisé culturellement produisant une personnalité expression d'une manière de vivre, de penser conforme aux valeurs cuturelles  de son groupe.

D'où il se justifie donc aujourd'hui pour la réhabilitation de l'enfant face à la justice, la nécessité d'associer la communauté à l'action menée par la justice formelle en la sensibilisant à ce rôle d'appui. Ce n'est d'ailleurs en fait que lui demander de jouer son rôle antérieurement dévolu, en somme réactiver ses aptitudes dans l'encadrement social. Mais cela demande une réflexion pour utiliser le bon canal de transmission du message garantissant en retour le reflexe d'une adhésion à la demande.

La communauté doit aussi intégrer et soutenir la nouvelle forme de parentalité à inventer dans notre contexte africain, où l'urbanité a complexifié l'action communautaire. Il faut renforcer son rôle à ce titre et pour cela se mettre à son écoute l'associer fortement aux décisions à prendre.

Il est à bien comprendre que nous sommes dans une phase de transition, et le socle des valeurs tradionnelles est une base de départ irremplaçable. Il faut donc une alliance éducative inclusive au bénéfice de l'Enfant.

Le modèle nouveau à construire ne peut l'être dans le rejet de ce socle des valeurs traditionnelles. Il sera donc nécessaire d'opérer un dosage, une réinterprétation judicieuse, une adaptation raisonnée des valeurs traditionnelles source d'unité, de discipline, de cohésion, de respect, de sacrifice...dans les processus de construction structurels, organisationnels, pedagogique  des systèmes nouveaux pour produire les bases d'influence sur le comportement des individus. 

Or c'est le constat de ce soutien des parents pour l'éducation des enfants dans le modèle traditionnel, qui tend à faillir et disparaitre dans le cadre urbain actuel d'évolution des familles. Elles sont installés dans une solitude pour l'exercice de leur  rôle éducatif, ce qui n'a jamais le cas avant tel que décrit ci dessus.

Il urge donc de batir dans le nouveau cadre ce relais d'appui à l'action des parents, un relais tant des de transmission des valeurs, que d'écoute et de concertation. Les formules sont à inventer mais en tout dans une optique de synthèse des apports.

Avant en effet la famille traditionnelle était structurée et les rôles bien réparties ; c'était donc le rôle des tantes et des oncles de visiter ou d'être visitées par les jeunes couples pour partager et recueillir avis et conseils sur tous les aspects de la vie et de l'éducation des enfants. Ces contacts constituaient pour ces couples une puissante relation d'aide.


Aujourd'hui avec l’urbanité, l’évolution dite moderne, les familles sont coupées voire moins enclins à recevoir ces types de visites. Elles justifient ce choix par le fait de de l'étroitesse du cadre de vie ou encore par la peur de supporter la charge de personnes en supplément dans la dépense quotidienne de vie. Au point que se sentant ainsi moins bien accueillis, ces personnes autrefois en charge de ce rôle se sont retenues et réservées dans l'accomplissement de leur charge.


En conséquence la famille aujourd’hui en urbanité s'est isolée, demeurant seule face à ses contradictions, en recherchant des palliatifs propres à colmater les brèches, à la place de réelles solutions. Cette situation de la structure familiale contribue ainsi à faciliter le naufrage progressif de l'ensemble de ses membres, dont les enfants qui sont les plus fragiles, et qui subissent plus durement les contre coups de la situation vécue.


Il urge donc de de réactiver ces adjuvants sociaux dont la suppression a handicapé  l'évolution harmonisée des familles. Mais à défaut de pouvoir réactiver ou remettre les anciennes formes au gout du jour, il doit être possible de s'inspirer du service de relation d’aide qu'il rendait et asseoir des formes nouvelles de médiation familiale aptes à prendre en charge à titre de relais  ces rôles et contribuer ainsi à la solution des attentes des famille.


Le mode de vie urbain actuel tend donc à faillir sur cet appui de proximité aux familles. Les services  de l'Etat moderne sont également encore forts loin de cette proximité qui était la marque de fabrique des outils traditionnels d'intervention. En plus du fait que les populations manifestent  aux structures d’état, une réserve née des conditions historiques de la création même de l’Etat, perçue comme une résurgence des services d'administration coloniale. A cela s’ajoute encore, le reproche souvent opposé à  l’Etat dans sa relation avec les populations, qui est l'absence d'aptitude de ses agents, lesquels dans leur manière de procéder n'endossent pas le costume facilitant leur adhésion et acceptation par ces populations, (ils usent à  leurs yeux ou représentent plus un pouvoir sanctionnateur que d'écoute et de confiance.)


Dès lors à  défaut de réinstaurer ces relais manquants évoqués ci-dessus, on évolue tant bien que mal vers la création dans la société actuelle de citoyens marquées par des tares nées de ces manques, et qui grandissent avec des handicaps source d'une disharmonie croissante dont la manifestation dans les relations sociales, et qui est perçue et qualifié de perte des valeurs ou de repères sociaux.

Ainsi comme palliatif face à ce manque d’appui de proximité des familles urbaines au titre de la relation d’aide, on assiste aujourd’hui à un nouveau phénomène qui est d’user des réseaux sociaux (Facebook notamment) pour échanger sur les problèmes de vie des couples, et espérer ainsi obtenir des adhérents de ces plateformes des solutions et conseils face aux difficultés rencontrées. Sans être la meilleure manière de procéder, l’existence et le recours à ces nouveaux outils de communication, marque la réalité et l’urgence du besoin, de la relation d’aide aux familles, aujourd’hui manquante ou non efficacement organisée.

Alors en solution faut-il instaurer une « école des parents » ?

Rappel Important: On synthétise et retient généralement à partir de tous les droits consacrés par la CIDE, à savoir les 10 droits fondamentaux  de l'Enfant suivants:

  • (1) le droit à l’identité et à la nationalité,

  • (2) le droit à une alimentation suffisante et bien équilibrée,

  • (3) le droit à la santé et aux soins,

  • (4) le droit à l’éducation et à la formation,

  • (5) le droit de vivre dans une famille aimante,

  • (6) le droit aux loisirs,

  • (7) le droit à la protection contre toute violence et exploitation,

  • (8) le droit de ne pas faire la guerre, de le subir, d’être secouru, d’avoir un refuge,

  • (9) le droit à la liberté de pensée,

  • (10) le droit à l’expression de son opinion et la participation aux décisions qui le concerne.

    Et la mise en œuvre de tous ces droits repose en grande part et au départ sur la famille, famille fortement marquée dans son action en Afrique par la coutume, tel que rappelé dans les développements précédents.

    D'où encore en rappel cette assistance fondamentale et nécessaire à la famille, et aux parents pour un effectif respect ensuit des droits de l'Enfant.

    Car la question incontournable, essentielle est  de savoir quel appui apporter à l'évolution des enfants grace à ce renforcement nécessaire des familles?

    Poursuivant donc cette réflexion sur ce thème nous vous proposons pour conclure, ce texte d'emprunt à un chercheur, il rappelait ainsi que ce qui est nécessaire aujourd'hui c'est :

    « Aider les jeunes à comprendre les valeurs traditionnelles de leur culture et ainsi à répondre positivement aux exigences de la vie moderne. Combler le vide d'éducation créé par la disparition de la culture traditionnelle du système scolaire, en collaboration avec les parents et la communauté.

    Aider les jeunes à faire face aux changements physiques et émotionnels auxquels ils sont confrontés au cours de leur croissance, et à déterminer leurs propres valeurs afin qu'ils puissent devenir des membres de la famille et des citoyens responsables et complets.

    Développer des attitudes responsables et créer des relations humaines satisfaisantes au niveau de la famille et de la société.

    Une telle formation, à notre avis, se rapproche de l'approche globale de l'éducation familiale traditionnelle puisqu'elle doit englober si elle est bien conçue, plusieurs dimensions :

    Relative à la santé : y compris la santé maternelle et infantile, la nutrition, l'hygiène, la prévention et le traitement des maladies.

    Psychologique et émotionnelle : y compris les rôles et les rapports au sein de la famille entre les personnes associées, les amis et les différentes générations ; tout cela basé sur l'esprit des valeurs communautaires.

    Sociale : y compris les décisions ayant trait à la fin de la scolarité, au choix d'un emploi, au choix d'un conjoint, à savoir qui épouser et quand, à la planification familiale et aux implications sociales résultant de ces décisions ; la condition des femmes et l'égalité des chances ; le rôle de la famille et la contribution qu'une vie familiale fondée sur une base solide peut apporter à l'amélioration du bien-être de l'ensemble de la société.

    Concernant le développement : le rôle de la famille dans la préparation de tous ses membres à la plus grande contribution possible au développement.

    Morale : les responsabilités des parents vis-à-vis de leurs enfants; les droits des membres de la famille et leurs responsabilités envers autrui dans la cellule familiale et la famille élargie, et la préparation des jeunes à une attitude mûre et responsable à l'égard des relations sexuelles.

    Économique et de bien-être : y compris les besoins fondamentaux de la famille; la gestion et l'économie familiales et les rapports entre la famille et le travail.

    Juridique : y compris les lois relatives à la succession, à l'âge du mariage et aux droits des membres de la famille.

    Culturelle : y compris les normes et pratiques traditionnelles religieuses.

    Civique : y compris la contribution de la famille à la vie communautaire et la préparation des jeunes à leurs responsabilités civiques.

    Il faut ajouter ici que nous sommes devant des options idéologiques et la mise en oeuvre de moyens financiers. Il faudrait donc que les gouvernements de nos pays donnent à leurs économies et à leurs cultures l'orientation adéquate et les moyens nécessaires pour l'application des projets qui demandent des activités de recherche, d'information, de formation pour leur mise en œuvre.

    « C'est au bout de l'ancienne corde qu'il faut tisser la nouvelle », dit le proverbe mina.

    C'est dans le prolongement de l'expression du génie d'un peuple qu'il faut chercher son enrichissement et non en faisant table rase de l'acquis précieux de ce peuple. Rien de grand ne s'accomplit en faisant table rase de l'essentiel de ce qui existait ».

    Me François Diassi

INVENTER UNE NOUVELLE PARENTALITE FACE A L’URBANISATION EN AFRIQUE, ENCORE UN DEFI A RELEVER

Selon les prévisions économiques et démographiques récentes nous faisons face en Afrique à un énorme défi né de l’urbanisation rapide voire accélérée des villes africaines.

Car d’après les projections d’ici à 2050 plus d’un milliard d’africains seront des citadins, et cette expansion vers la ville est due en raison de la forte progression démographique, avec en plus les migrations rurales, économiques et transfrontalières, qui en ont fait une ligne de mire.

Ensuite dans sa caractéristique actuelle, la ville africaine se présente comme le creuset du métissage et des échanges, culturels et économiques. C’est aussi un espace d’expression de l’individualisme face à l’identité communautaire caractérisant la ruralité de la vie africaine antérieure. On y échappe donc plus facilement aux pressions sociales communautaires, sous le couvert facilité de l’anonymat que la ville génère. L’infidélité dans les couples y est plus aisée, le recours au divorce aussi. Les habitudes alimentaires y évoluent. 

Ainsi la vie urbaine a fait exploser les codes de base de la ruralité ; ruralité qui est terreau du communautarisme africain et source de la cohésion sociale.

Partant de là, il a résulté de cette nouvelle forme urbaine d’organisation sociale, une fragilisation inquiétante des familles, dans leur rôle d’encadrement des enfants ; et en plus le nombre de ces enfants s’est particulièrement accru dans cette structure familiale installée en ville.

Egalement ces familles urbaines se sont aussi sont aussi réduites dans leur fonctionnement à un format nucléaire ou mono parental, très différent du modèle rural antérieur, jouissant ensuite pour évoluer d’un habitat souvent réduit et inadapté à leur taille.

Les parents y sont tenaillés par les contraintes économiques urbaines de gestion de la vie familiale, et parce que longtemps absent durant la journée, ils perdent leur emprise éducative ce qui laissent les enfants moins encadrés et plus libres à créer eux-mêmes leur espace d’autonomie.

Dès lors la ville africaine, est aujourd’hui le lieu d’expression préféré d’une jeunesse africaine, très libéré du joug familial, (l’âge moyen de ces jeunes citadins africains est de 18 ans).

Cette jeunesse est cependant particulièrement touchée par la précarité de l’emploi, la faillite du modèle éducatif et la fin de l’État providence. Conséquemment, si certains sont tentés par l’exode, d’autres explorent de nouvelles voies d’affirmation identitaire, de revendication populaire et de débrouille économique.

Mais malheureusement le mal-être de la jeunesse urbaine se traduit aussi, par la recherche de la marginalité, de l’illégalité, dans la consommation de drogues et parfois par le vol et la violence.

D’où un véritable défi pour les dirigeants africains : à savoir celui de devoir gérer cette explosion démographique marquée par la forte proportion de ses jeunes, évoluant cependant dans un cadre urbain qui n’offre pas les conditions de leur évolution économique et sociale harmonieuse.

Car plus que jamais, les politiques urbaines doivent définir des schémas directeurs d’aménagement et des plans de développement qui doivent prendre en compte à la fois les besoins des citadins en matière de services essentiels (eau potable, assainissement, électricité, accès aux soins, à l’éducation, aux sports et loisirs), et leurs attentes en termes de développement économique et de création d’emploi.

Alors que cette jeunesse citadine est issue de ces familles ci-dessus décrites, qui n’ont pas encore su adapter leur fonctionnement aux nouvelles exigences de la vie urbaine, et qui encore naviguent entre le besoin de respecter les impératifs de la vie traditionnelle, dont les règles, sont fragilisées par les contraintes de la vie citadine.

Il résulte de cette situation ci-dessus la nécessaire recherche d’un nouveau mode de fonctionnement familial, mais qui présentement ne dispose plus d’un modèle de référence, puisque les codes de la tradition sont devenues inadaptées en raison de plusieurs facteurs, liés au temps, à l’espace, à la répartition des rôles, et même relatifs aux valeurs de référence. C’est donc face à cela, une nouvelle parentalité qui est à inventer dans la famille africaine citadine.

Or le constat est que, dans cette construction des politiques publiques, si la réflexion économique oriente plus ses recherches vers les facteurs de croissance devant naître des mutations économiques dans l’espace urbain pour le bénéfice des populations. Cette même réflexion qui ne semble pour l’instant y accorder toute l’attention requise, devra nécessairement prendre en compte la dimension humaine du problème, et intégrer ces questions de nouvelle parentalité, sans lesquels un développement harmonieux, parce qu’humanisé de nos villes ne saurait se réaliser.

Toutefois la prise en compte de cette nouvelle parentalité à inventer, induit également le besoin de tenir compte des exigences de la protection de l’enfant, conformément aux impératifs de sa prise en charge fondés par la CIDE.

D’où partant de là, un énorme défi de réflexion qui nous interpelle tous, à savoir : quelle nouvelle forme de prise en charge familiale  est à asseoir pour l’enfant africain dans l’espace urbain de nos villes ? Quelle protection et garanties de respect pour ses droits dans le nouvel espace urbain ? Mais également comment éviter un traitement discriminatoire pour l’enfant selon son évolution en zone urbaine ou rurale ?

L’implémentation de la CIDE devenue une obligation de nos Etats africains,  ouvre encore des paliers de réflexion nécessaires à prendre à prendre compte pour la garantie de mise en œuvre effective des droits de l’enfant.

Me François Diassi

Construire la nouvelle parentalité vis a vis des adolescents en nos villes africaines...

L'adolescence est une période difficile de la vie. Les jeunes concernés perdent beaucoup de leurs repères et font face à des troubles dans leur vie et leur mode de fonctionnement.

Ils sont d'autant plus affaiblis et sans assistance, parce que l'urbanisation a rompu les schémas antérieurs de prise en charge familiale et d'encadrement social, sans les remplacer par de nouvelles formes adaptées, à la vie présente dans nos quartiers et dans nos villes: maisons étroites, espaces inadaptées, absence de lieux de loisirs, inexistence de référents en l'absence des parents, risques d'oisiveté et de comportements déviants.

Les familles urbaines recherchent donc des voies d'adaptation,  mais sont limitées par toutes les contraintes nées de ce nouvel habitat, ainsi que par les nouvelles formes de relation qui en résultent. Grand est donc le risque d'une dérive, d'une déviance pour les adolescents.

Voilà pourquoi il devient une sérieuse urgence de devoir reinventer à leur égard une nouvelle forme de parentalité.

Les familles en effet sont à ce titre, dans un besoin d'être évaluées en ce qui fait leur nécessité, soutenues dès lors pour combler leur manque, et alors encadrées. C'est un impératif nouveau de prise en charge de nos familles.

Ce soutien ne peut seulement être que monétaire, même si cela compte aussi. C'est également une question d'accompagnement, d'écoute, et d'appui.

Les ressources et moyens indispensables pour asseoir ce système, doivent s'appuyer pour se réaliser dans une concertation entre les différents acteurs, mais surtout avec les familles. Mais le constat est qu'il manque des outils opérationnels sur ce plan.

Dans cette optique cependant, même si on note que la reflexion globale sur ce processus, n'est pas encore totalement entamée dans nos différents Etats. Il est observable toutefois de manière parcellaire l'usage de certains outils intéressants, dont l'approfondissement de la réflexion dans leur usage, peut permettre d'en tirer des effets bénéfiques pour la vie sociale et les familles.

Par exemple il a été créé au Sénégal, le "service" rendu aujourd'hui par ceux qu'on appellent les marraines de quartier, actives pour le soutien des jeunes mères dans la prise en charge de leur nourissons (pour leur prodiguer des conseils de santé et d'éducation...); de la même façon, il peut aussi être créé des "parrains" en soutien aux adolescents, car ce type de référents constitue sérieusement un manque dans le dispositif d'encadrement; et à ce titre, ils pourraient être intégrés dans les cadres communaux ou même dans les maisons de justice, pour agir sur un volet plus préventif, avec un rôle d'intervention de première urgence en soutien aux parents.

C'est là une bonne manière de donner du poids à la nécessité de mise en oeuvre de l'objectif de prévention, moins utilisée que celle de la voie curative et judiciaire dans l'hypothèse de comportements associaux des adolescents. Cela est aussi moins couteux comme système en valeur absolue, que de mettre en branle tout l'appareil judiciaire. Et c'est aussi une porte ouverte pour un usage plus accentué et intégrateur des modes alternatifs traditionnels de résolutions des différends et conflits de la vie sociale.

Donc à y réfléchir il y beaucoup de gains et d'intérêt à exploiter cette idée, des voies alternatives, en complément à la voie simplement judiciaire.

Et pour l'envisager relativement à des mineurs en conflit avec la loi, c'est là une voie d'usage de la déjudiciarisation, qui est également une recommandation majeure dans la mise  en oeuvre des articles 37 et 40 de la CIDE. Ainsi l'outil de la médiation pourrait avoir un usage plus généralisé à leur profit.

Ces différentes idées sont donc un apport dans la réflexion sur les outils nécessaires à développer pour l'encadrement des adolescents dans nos villes africaines, où l'urbanité a créé un cadre, ne permettant plus aux familles de leur procurer un environnement protecteur et épanouissant. 

 Me François Diassi