Pour introduire...

Quelle que soit l'activité que nous menons, elle se fonde sur des valeurs qui lui donnent force et profondeur pour garantir sa bonne execution. Il reste utile à tout intervenant à devoir les déceler et les maintenir dans son esprit dans la mise en oeuvre des différentes actions.

Cette thématique des droits de l'enfant n'échappe donc pas à cette règle. L'expérience ayant démontré l'existence de certaines valeurs et outils utiles pour y conduire l'action.

Et c'est notre expérience de terrain qui est la source d'alimentation de toute cette réflexion sur les valeurs, laquelle expérience du terrain est incomparable et inestimable; comme  on le dit d'ailleurs souvent, "le terrain ne ment pas".

En effet notre évolution dans cette thématique nous a instruit, d'abord par l'action de terrain menée dans la gestion du programme d'assistance aux mineurs en conflit avec la loi au Sénégal; car c'est là où nous avons pu tirer un cadre d'observation pratique, de confrontation réelle, de construction de réflexes et d'outils d'analyse et d'évaluation à la décision. C'est une vérité qu'on ne peut mieux parler que de ce que l'on sait pour l'avoir vécu.

Ce travail étant particulier dans sa dimension globale mais aussi par rapport à son bénéficiaire l'Enfant, toute l'action à faire doit donc refléter cette caractéristique de spécialité, cette spécificité. Et c'est le contact avec le terrain d'évolution qui peut permettre d'en déterminer toute la portée et le sens d'orientation des activités.

Et l'intervenant pour agir doit donc construire sa dynamique dans cette vision.

Toute la réflexion générée au titre de cette rubrique doit ainsi être rattachée à l'énorme chantier relatif à la spécialisation des acteurs.

Relativement aux valeurs, retenons que travailler pour les droits de l'Enfant est un sacerdoce, exigeant des convictions profondes...

Ce chantier est aussi un investissement d'avenir qui ne génère pas des revenus ponctuels, un bénéfice matériel immédiat, ce qui ne suscite pas certains acteurs un enthousiasme à y intervenir. Et aussi la cible bénéficiaire ne dispose pas de revenus et se caractérise par sa dépendance. 

En somme beaucoup de facteurs peuvent limiter l'iniative à agir. 

Dès lors une forte dose de convictions devient nécessaire à celui souhaitant s'y engager; surtout parce que les résultats de l'action restent longtemps avant de se rendre visibles, de se concrétiser.

Ce n'est donc pas une affaire d'instantanéité, mais de durée. En plus c'est un travail sur l'homme, la matière humaine, d'où la nécessité d'une qualité fondamentale la patience.

Les programmes ou les actions menées dans ce chantier doivent donc par conséquent largement tenir compte de cette variable de la durée.

C' est alors une somme d'exigences particuliérement pour l'acteur désirant s'y engager, tout d'abord par rapport à sa personnalité propre, ensuite par rapport à sa relation avec l'enfant lui même.

Chose importante à savoir donc pour agir, il y a des dispositions d'esprit préalables à avoir et cultiver, allant de pair avec des capacités et aptitudes à acquérir.

Au titre du travail sur soi, certaines valeurs aident à construire la personnalité et servent de guide dans l'action...

L'évolution humaine est une construction, une oeuvre de longue haleine, dans laquelle certaines qualités sont fort utiles pour l'individu, comme référence et guide.

De plus quand on se dévoue pour la cause des enfants, le devoir s'impose aussi de servir de référence, d'exprimer dans ses actions un modèle souhaitable.

L'enfance est le royaume de l'innocence, et c'est pourquoi l'enfant décèle très vite la fausseté dans l'expression, d'où le mérite d'y être attentif.

Travailler donc sur les droits de l'enfant est une oeuvre d'éducation, on y est appelé à donner une image authentique, d'où la nécessité de faire attention à tout, et c'est notre devoir de toujours nous améliorer.

Il est donc bon de se recommander à soi même ces valeurs de référence et de les offrir aux autres en partage. Nous relèverons dans cette rubrique, certaines utiles à être rappelées.

Nous relèverons en même temps aussi certains travers et gênes de toute bonne évolution et qui bien évidemment, sont à éviter à extirper de notre cheminement. 

L'intervenant est appelé à devoir "se formater" pour user d'un langage moderne.

Une donnée essentielle, faire preuve de respect dans ce tout qui est entrepris...

Respect du contexte d'intervention, respect des acteurs, respect du béneficiaire de l'action.

Le contexte d'intervention est un lieu disposant de ses spécificités, son histoire, sa culture, ses modes d'expression, cela induit la nécessité de sa compréhension profonde avant toute intervention et l'écoute est alors essentiel à l'intervenant, pour comprendre et savoir comment communiquer.

Les recettes et solutions à proposer doivent aussi tenir compte de cette donnée, en termes de compatibilité et d'adaptabilité surtout au plan cuturel, car le phénomène de rejet peut facilement découler de cette méprise. Il ne s'agit pas de croire qu'un mimétisme simpliste produira les effets attendus, les solutions proposées doivent forcément avoir un ancrage avec les modes d'expression ambiant, la culture locale.

C'est pourquoi dans la relation avec les acteurs il importe de favoriser l'émergence d'une capacité à réfléchir par eux mêmes et pour eux mêmes.

Enfin le bénéficiaire doit sentir ce respect dû par l'attention, la disponibilité et l'écoute qui lui sont prodigués.

 

 

Bien comprendre également la dimension humaine de l'action...

Toute l'action à mener s'exerce sur l'humain avec la visée de produire des transformations, cela exige de savoir agir en patience et dans la durée.

Agir surtout en humilité.

Certaines qualités sont de mise: l'empathie, l'honneteté, l'intégrité,  la disponibilité, la discrétion, la confidentialité...

Refus également de l'instanéité et du sensationnel, les résultats prennent du temps à se concrétiser, donc ne pas se décourager très vite mais "savoir donner du temps au temps". 

L'humanité se donne du temps pour se construire. La matière est perfectible et c'est la patience qui lui construit le chemin de sa modélisation.

En action toujours cultiver et assurer un travail d'équipe...reconnaître à chacun sa place pleine et entière comme maillon important de la chaîne d'intervention...

Le travail en droits de l'enfant ne peut pas faire en action solitaire, il y a une nécessité pour les acteurs de collaborer et d'échanger.

Car les différents problèmes auxquels peut faire face l'enfant dans son évolution, exige une diversité de spécialités d'intervention, mais ces mêmes spécialités pour la solution, sont appelées ensuite à échanger en interdépendance, pour le plus grand intérêt de l'enfant.

Dès lors aucun ne peut estimer détenir à lui seul la solution, mais tous ensemble en complémentarité doivent y contribuer.

La persistance, la persévérance, qualités essentielles...

Dans cette matière, on ne réussit rien de solide, de pérenne, dans l'intantané. Il faut faire preuve de patience, et agir dans la durée. Pour illustrer cela lire les articles suivants consacrés à l'accompagnement de certains pays comme la Mauritanie et le Burundi par exemple, pour se rendre compte de l'intensité d'efforts nécessaires pour atteindre les résultats obtenus. Car c'est à force de persistance dans l'action que progressivement les actions menées ont pu produire des avancées significatives.  

C'est pourquoi celui qui s'attend à des résultats immédiats risque dans cette matière d'aller très vite au découragement. D'où l'exigence pour tout acteur de cultiver les vertus de la persistance et de la persévérance.

Rien aussi n'est définitivement acquis, il faut s'attendre souvent à remettre son métier sur l'ouvrage, soit pour consolider, soit pour faire face à face à des remises en question nées de réactions du terrain. L'action exige présence et attention soutenue, d'où de nécessaires d'arrêt pour réfléchir, évaluer, réorienter.

L'humilité et le sens critique aussi,baignant dans une disponibilité et une grande capacité d'écoute...

L'acteur agissant doit refuser de se figer dans des certitudes, au contraire accepter la critique et la remise en question. Il est donc essentiel de travailler le sens critique et l'esprit de discernement et en plus avoir l'esprit ouvert à lacceptation de la critique.

Il faut pour cela au départ, avoir des dispositions d'écoute d'attention disponible à l'autre.

Ensuite mettre ses impressions sous l'aune de l'analyse critique, et ce qui est mieux en collaboration avec les autres intervenants. 

L'enfermement dans des certitudes acquises et le refus de la contestation, est un risque majeur pour des dérives.

Une dimension fondamentale dans l'action de tout intervenant, la capacité d'écoute...

En fait qu’est-ce que l’écoute ?

Nous consacrons tous volontairement ou non près de 40 %  de notre temps à écouter les autres. Cependant nous constatons qu’il y a peu d’ouvrage sur l’art d’écouter alors qu’il en existe tant sur l’art d’écrire ou de parler.

Définition

Ecouter c’est tenir compte des paroles de l’autre, de sa volonté, de ses désirs particulièrement l’enfant qui est en conflit avec la loi,en perte de repères dans la société ou inadapté à une société ou une situation.

 

L’écoute met en place une relation d’aide. C’est-à-dire qu’une personne doit être assistée pour opérer son ajustement personnel à une situation à laquelle elle ne s’adaptait pas normalement. Elle suppose donc une attention et un intérêt portés à quelqu’un d’autre ayant le désir d’être écouté.

 

Ce désir peut revêtir plusieurs caractéristiques. Il peut être confus, obscur, emmêlé, comme il peut être puissant et vital. Dans tous les cas, ce désir est lui-même écouté.

 

En conclusion, écouter n’est pas simplement ne rien dire ; c’est prendre un vigoureux intérêt à ce que l’on entend.

 

Sortes d’écoute  

L’être humain étant un être de parole, on a pu recenser plusieurs sortes d’écoutes. C’est ainsi que l’on note une écoute aimante, heureuse, mortifère, etc. L’écoute permet une communication.

 

Les buts de l’écoute :

L’écoute vise l’aide d’un individu, à régler les difficultés auxquelles il est confronté par la prise de conscience de ses propres ressources jusque-là inutilisées.

 

Dans le cas qui nous concerne l’écoute vise une compréhension partagée avec le jeune pour l’aider à mieux se comprendre pour qu’il puisse agir librement.

 

L’écoute se manifeste dans une relation qui met en relief une personne qui demande et parle : c’est l’écouté ; et une personne qui se tait et écoute : c’est l’écoutant. A travers son comportement, ses attitudes elle se montre disponible pour recevoir le message d’autrui. Les deux ne sont donc pas isolables en objet sujet.

 

Il peut y avoir cependant des limites de l’écoutant pouvant gêner ses capacités à l'écoute:

Elles s’articulent autour de la culture de l’écoutant, son histoire personnel, ses appartenances, son expérience propre de l’écoute. Elles s’articulent également autour de sa formation et de son statut selon qu’il soit un parent, adulte ou enfant. Tous ces facteurs qui constituent des limites objectives pour l’écoutant nécessitent :

- qu’il s’écoute lui-même

- qu’il apprenne à ignorer ce qu’il sait pour mieux accueillir l’écouté

- qu’il passe de temps en temps de son rôle d’écoutant à celui d’écouté pour s’écouter,       à écouter.

 

En définitive l’écoute devient une aventure où il s’agit d’y aller, débarrassé et désencombré des limites analysées plus haut, pour donner à quelqu’un qui vient à quelqu’un d’autre avec le désir d’être entendu.

 

Comprise ainsi l’écoute rejoint un peu la valeur traditionnelle du sens de la palabre, qui met en exergue la fraternité dans les liens plus respectueux des authenticités respectives, et privilégie plus d’écoute et moins le réflexe de défense. Savoir écouter devient ainsi un puissant moyen d’apprendre.

 

D'où la nécessité d'apprendre l'art d'écouter.

Ainsi tout intervenant auprès de l'enfant doit s'initier à cet art pour promouvoir une communication utile avec lui.

Pour conlure...

L'accompagnement du mineur dans le contexte judiciaire est un travail technique qui exige des capacités spéciales de la part des différents intervenants. Dans cet effort de spécialisation des outils doivent être à disposition, et cet espace du site, ouvre un champ de partage d'expériences sur ce thême.

Il faut aussi ajouter à cela qu'en Afrique, notre plus grand besoin réside dans la maîtrise du process, on dira comme les anglais: "the matter is to know how to do it"; autrement dit savoir comment procéder, comment faire. Il y a un large besoin d'échanges d'expériences sur ce plan.

Cette rubrique vise à favoriser cet échange d'expériences.

Un outil essentiel celui d'identification de la personnalité de l'enfant...

Bien cordialement,

diassi francois